Des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi dans la ville sainte d’al-Qods, « pour un rare rassemblement en faveur de la paix », selon l’AFP, alors que la guerre à Gaza entre dans son 20e mois, avec une situation humanitaire alarmante selon l’ONU.
Israël, qui a repris son offensive à Gaza le 18 mars après une trêve de deux mois, a annoncé lundi un plan de « conquête » du territoire palestinien qui prévoit un déplacement massif de sa population, suscitant de nombreuses condamnations à travers le monde.
« Gaza sera totalement détruite », a affirmé mardi le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich.
Cet évènement s’est produit lors de la « Conférence populaire pour la paix » organisée vendredi par la coalition « Il est temps », avec la participation de plus de 5 000 personnes. Cette coalition comprend environ 60 organisations locales œuvrant pour une résolution politique du conflit israélo-palestinien.
« Nous ne pouvons pas laisser les extrémistes des deux camps, qui se nourrissent de vengeance, de peur et de haine, décider de notre avenir », a dit à l’AFP Maoz Inon, entrepreneur israélien de 50 ans et militant pour la paix, coorganisateur de ce Sommet populaire pour la paix tenu vendredi.
« Même s’ils contrôlent notre présent, nous devons choisir une alternative et façonner un avenir différent », a-t-il ajouté.
Le communiqué indique que les activités de la conférence comprenaient « des discours, des séances de discussion professionnelle, des performances d’artistes de renom et des réunions sur des questions de sécurité, d’économie, de diplomatie, d’éducation et de culture ».
Il a souligné que ces activités découlaient d’une « croyance dans la possibilité et la nécessité de changer de cap », faisant référence au rejet du cours de la guerre d’extermination menée par Tel-Aviv, qui continue d’intensifier sa violence contre la bande de Gaza.
« Un État palestinien pleinement souverain »
La conférence comprenait également des discours enregistrés du président français Emmanuel Macron, du président palestinien Mahmoud Abbas, des membres de la Knesset israélienne, ainsi qu’un discours de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert.
Macron a envoyé un message vidéo dans lequel il a déclaré : « Nos pensées vont aux familles israéliennes et palestiniennes. Je salue les personnes courageuses qui œuvrent aujourd’hui pour une vie commune et la paix. »
Abbas a déclaré dans un enregistrement vidéo depuis Ramallah : « La paix est possible, et grâce à la justice, nous pouvons garantir la sécurité et un avenir pour tous les peuples de la région », selon un communiqué de la coalition.
Il a ajouté : « Nous avons cru en la paix et avons œuvré pour la réaliser pendant plusieurs années, et nous continuerons à œuvrer pour la paix, qui s’obtient grâce à un travail acharné et à un engagement envers les principes de la justice internationale. »
Le président palestinien a poursuivi : « Nous rejetons la violence et le terrorisme sous toutes leurs formes, soutenons une culture de paix, rejetons le meurtre ou les abus contre des civils et soutenons la libération de tous les détenus et prisonniers. »
Il a souligné que « la paix ne sera pas obtenue par l’occupation, l’agression et la destruction des maisons, des hôpitaux, des écoles et des tentes des personnes déplacées à Gaza, Jénine et Tulkarem, au mépris des femmes et des enfants. La paix et la sécurité ne seront pas obtenues en refusant au peuple palestinien son droit à la liberté, à l’indépendance, à un État et à la dignité, conformément au droit international. »
Abbas a déclaré : « La paix n’a qu’une seule voie : un État palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément aux résolutions internationales. La guerre doit cesser et nous devons progresser vers une paix durable, juste et globale pour tous nos peuples. »
À son tour, le membre arabe de la Knesset israélienne, Ayman Odeh, a déclaré que « même au milieu de la guerre, Juifs et Arabes continuent de lutter ensemble ».
Il a ajouté : « Ce n’est qu’ensemble que nous gagnerons. Je dis aux citoyens juifs : vous n’êtes pas seuls dans cet effort pour la paix. Nous sommes avec vous. »
Dans sa déclaration, le député arabe Ahmed Tibi a dit : « À Gaza, un enfant est tué toutes les heures. J’entends la douleur de nombreuses familles en Israël, mais au milieu de cette douleur, nous devons crier : cette maudite guerre doit cesser. »
Solution à deux Etats
A cette occasion, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert et l’ex-chef de la diplomatie palestinienne Nasser al-Kidwa ont présenté leur plan de paix, dévoilé pour la première fois l’an dernier.
Kidwa, neveu de l’ex-dirigeant palestinien Yasser Arafat, s’est exprimé par visioconférence depuis la Cisjordanie occupée.
« Seule une solution à deux Etats peut permettre un changement radical pour notre pays et l’ensemble de la région », a affirmé M. Olmert, prédécesseur centriste de l’actuel Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
« Il faut mettre fin à la guerre et se retirer de Gaza. Gaza est palestinienne (…) et doit faire partie d’un Etat palestinien », a-t-il plaidé. Il a appelé à la mise en place d’une « force de sécurité intérieure » relevant de l’Autorité palestinienne, dotée de « pouvoirs objectifs (…) pour reconstruire la bande de Gaza sans la participation » du Hamas.
Kidwa a affirmé que leur proposition de paix reposait sur une solution à deux Etats, incluant un échange de 4,4% de territoire entre Israël et un futur Etat palestinien.
Selon le plan dévoilé l’an dernier, Israël annexerait les principales colonies juives en Cisjordanie, notamment certaines zones autour de Jérusalem.
En contrepartie, un territoire israélien de superficie équivalente serait cédé à un futur Etat palestinien, ont-ils dit.
Leur vision d’une solution à deux Etats s’appuie sur les frontières d’Israël du 4 juin 1967, avant l’occupation de la Cisjordanie.
Le plan Olmert-Kidwa préconise également une souveraineté partagée sur la Vieille Ville de Jérusalem, avec une tutelle dont feraient partie Israël et un Etat palestinien.
Baisse du soutien au contrôle de Gaza
Un récent sondage réalisé auprès de l’opinion publique israélienne a montré une baisse du pourcentage des Israéliens qui soutiennent le contrôle par ‘Israël’ de la bande de Gaza.
Il a été réalisé par le Pew Research Center, une organisation de recherche non gouvernementale américaine, qui a publié les résultats d’un sondage qu’il a mené entre le 5 février et le 11 mars 2025, au cours de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, avant la reprise des hostilités le 18 mars.
Il montre que seulement un tiers des Israéliens pensaient que le gouvernement israélien devrait gouverner Gaza après la fin de la guerre.
En 2024, le pourcentage d’Israéliens qui pensaient qu’Israël devrait gouverner Gaza était de 40 %.
Source: Divers